Un amour importun by Ruth Rendell

Un amour importun by Ruth Rendell

Auteur:Ruth Rendell [Rendell, Ruth]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Édition du Masque


9

Quelquefois un groupe de demoiselles heureuses…

Tennyson,

The Lady of Shalott.

L’appartement dépourvu de livres de miss Fowler n’était pas celui d’une enseignante. Burden, parfaitement conscient de sa tendance à cataloguer les gens, avait essayé de ne pas s’attendre à trouver une vieille fille. Ce fut pourtant une vieille fille qui vint lui ouvrir. La pièce dans laquelle elle l’introduisit était remplie d’objets faits main. Les housses des coussins avaient été soigneusement brodées, les aquarelles d’amateur peintes avec une patience évidente, les céramiques exécutées avec une pointe d’audace. Miss Fowler semblait incapable de se séparer des cadeaux de ses anciennes élèves. Malheureusement, la collection de ces chefs-d’œuvre n’offrait aucun plaisir esthétique ni même une sensation reposante pour le regard.

— Pauvre, pauvre Margaret, soupira-t-elle.

Burden s’assit et miss Fowler s’installa en face de lui dans un rocking-chair, ses pieds reposant sur un tabouret bas.

— Quelle histoire épouvantable ! Et ce pauvre Mr Parsons… Voici la liste que vous m’avez demandée, inspecteur.

Burden regarda les rangées de noms proprement tapées à la machine.

— Parlez-moi d’elle, demanda Burden.

Miss Fowler laissa échapper un rire étudié, puis réalisant qu’il n’était guère de circonstance, se mordit la lèvre et répondit :

— Franchement, inspecteur, je ne me souviens pas d’elle. Vous savez, je vois défiler tellement de jeunes filles… Bien sûr, on ne les oublie pas toutes. Mais naturellement, on se souvient surtout de celles qui parviennent à quelque chose, qui réussissent à faire carrière. La promotion de Margaret n’était pas extraordinaire. Certaines promettaient beaucoup, mais elles ne firent rien de vraiment intéressant. Je l’ai revue, vous savez, depuis qu’elle est revenue.

— Ici ? À Kingsmarkham ?

— Oui, il y a environ un mois.

Elle prit un paquet de cigarettes sur la tablette de la cheminée, en offrit une à Burden et tira bravement sur la sienne quand il lui offrit du feu. « Elles ne grandissent jamais vraiment », songea Burden.

— C’était dans High Street, poursuivit-elle, juste après la classe. Elle sortait d’un magasin et me dit : « Bonjour, miss Fowler. » Franchement, je ne voyais absolument pas qui cela pouvait être jusqu’à ce qu’elle m’ait dit être Margaret Godfrey. Vous savez, inspecteur, elles s’attendent toutes à ce que je les reconnaisse.

— Alors comment avez-vous… ?

— Comment ai-je fait le rapprochement avec Mrs Parsons ? Quand j’ai vu la photo dans le journal. Vous savez, j’ai regretté de ne pas avoir bavardé avec elle, mais je rencontre souvent d’anciennes élèves et, franchement, je serais bien incapable de leur donner un nom et un âge. Elles pourraient avoir tout aussi bien dix-huit ans que trente… Vous savez ce que c’est, inspecteur, on ne peut pas donner d’âge aux gens plus jeunes que soi. (Elle leva les yeux vers Burden et dit en souriant :) Mais vous aussi, inspecteur, vous avez l’air si jeune.

Il se pencha à nouveau sur la liste des noms classés par ordre alphabétique et les lut lentement à voix haute, guettant les réactions de miss Fowler.

« Lyn Annesley, Joan Bertram, Clare Clarke, Wendy Ditcham, Margaret Dolan, Margaret Godfrey, Mary



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